- STIRLING (J., 1926-1992)
- STIRLING (J., 1926-1992)STIRLING JAMES (1926-1992)James Stirling fait partie de la génération des architectes qui ne connaissent, du fait de leur âge, la période «héroïque» l’architecture moderne qu’avec un recul du temps qui lui donne une valeur à la fois historique et mythique. Deux démarches peuvent en découler, l’une qui ne retiendra que des codes et les adaptera aux impératifs de la production industrialisée (répétitions laborieuses de trames et de murs-rideaux). L’autre, dont témoigne un ouvrage célèbre du critique-historien anglais Reyner Banham, Le Brutalisme en architecture , qui consiste à considérer d’un œil à la fois nostalgique et critique l’acquis du mouvement moderne.La première réalisation importante de Stirling, celle qui a contribué à établir sa réputation d’architecte novateur, est le laboratoire de la faculté de technologie de Leicester (1959-1963). Ce bâtiment et les ensembles destinés aux universités de Cambridge et d’Oxford (1964) frappent par leur aspect agressivement géométrique, l’utilisation exclusive d’une brique rouge très «anglaise» combinée avec des jeux de verrières, de pans transparents, et de détails de construction à la fois simples et raffinés. L’impression de «jamais-vu» s’allie à la constante évocation, sur un mode tour à tour discret et emphatique, de rappels formels qui renvoient à la «tradition moderne»: les architectures futuristes de Sant’Elia, les projets des architectes russes de la période révolutionnaire, les grandes serres du XIXe siècle, les réalisations de Le Corbusier, etc. Tout ce spectacle, à première vue gratuit, s’articule en fait avec une stricte économie des moyens et un respect des données fonctionnelles du programme qui sont prétextes à des opérations de débordement et mettent la fonction en position de théâtralisation: un escalier qui se rétrécit d’étage en étage parce que plus on monte moins il y a de personnes pour l’emprunter, une bouche d’aération en forme de manche à air ou encore la grue destinée au nettoyage des vitres sont traités comme des objets tirés de tableaux de Léger ou de Picabia. Citations, clins d’œil qui ont alimenté de nombreux développements de la part des critiques d’architecture qui voient dans la conception de Stirling une forme de démarche analytique consciente de ses implications historiques et marquant une nouvelle phase de la recherche contemporaine. Ce rôle de la critique est dans ce cas un facteur non négligeable, à tel point qu’on a pu parler d’architecture «d’art et d’essai». Il s’instaure, en effet, entre le concepteur et ses exégètes un dialogue semblable à celui que connaissent le peintre ou le cinéaste avec les critiques: chaque nouvelle production est un événement attendu, largement diffusé dans la presse spécialisée. Ce jeu fait partie intégrante de la démarche de Stirling, et la meilleure preuve en est donnée par l’attention qu’il porte au dessin comme support de diffusion de l’objet représenté. Ses dessins combinent l’inexpressivité du dessin technique avec la présence incongrue de personnages et d’objets énigmatiques. Cette démarche tourne le dos au mythe de l’architecture démiurge et répond à une conception selon laquelle l’art est un facteur de prise de conscience collective. En témoigne le souci qu’a Stirling, depuis 1970, d’intégrer l’édifice dans son environnement urbain — souci qu’illustre le projet de 1975 pour le Wallraf-Richartz-Museum de Cologne et surtout la nouvelle Staatsgalerie de Stuttgart en 1977, très controversée. D’autres projets illustrent cette évolution vers un nouveau classicisme: le Fogg Museum à Harvard (1979-1984), la Clore Gallery, annexe de la Tate Gallery à Londres (1980-1986). En 1988, James Stirling a donné un projet, qui n’a pas été retenu, pour la Bibliothèque de France.
Encyclopédie Universelle. 2012.